Colonie pénitentiaire Holtzplatz à Auschwitz

Dans cette vidéo, Moishe Kantorowitz décrit l'extrême malnutrition dont il a souffert au camp de concentration d'Auschwitz. Un co-détenu qui travaillait dans un atelier de charpenterie a sauvé Moishe de la colonie pénale de Holzplatz. Source: Sarah and Chaim Neuberger Holocaust Education Centre, 1990

Transcription: 

[00:00-00:06]

La vidéo débute avec un intertitre rédigé en blanc sur fond noir pendant que joue de la musique instrumentale qui continue en fondu jusqu'au plan suivant : Moishe Kantorowitz a été déporté au camp de concentration d'Auschwitz en 1943 et a été sélectionné pour le travail forcé.

[00:07-03:15]

Transition au survivant de l'Holocauste Moishe Kantorowitz, assis devant un fond noir, et regardant à la gauche de la caméra. Son visage et ses épaules sont visibles à la caméra alors qu'il parle pendant une interview réalisée à Toronto en 1990.

>> Moishe Kantorowitz: La seule chose que je tiens à dire, c'est que…

[00:12-00:17]

Le nom Moishe Kantorowitz et le lieu où l'entrevue a été filmée, Toronto, apparaissent dans un texte en blanc au-dessus de l'épaule droite de Moishe.

>> …par-dessus toutes les pensées, il y avait la faim qui m'empêchait de penser à quoi que ce soit d'autre. Cela me hantait jour et nuit. Le matin, on sortait pour l'appel, et mon bloc, le bloc 18, se trouvait en face des cuisines. Il y avait un tas de déchets et, quand je m'en suis approché, j'ai vu des patates pourries. J'en ai mis dans mes poches. Elles étaient tellement pourries, qu'il y avait du jus qui coulait le long de ma jambe. Je les accrochais sur un fil de fer et les faisais cuire au travail, je les brûlais pour les manger. Un jour, je me suis fait prendre, et on m'a envoyé dans la colonie pénitentiaire. Pour les survivants qui ont travaillé à Auschwitz, on appelait cette colonie Holtzplatz, et le contremaître était un homme du nom de Pilarek. Je le mentionne au cas où il y aurait des survivants qui se souviennent de Pilarek et de Holtzplatz où il devait y avoir 10 % de mortalité par jour. Pilarek était connu pour sa méthode pour tuer les prisonniers. Il les frappait sur les jambes pour qu'ils tombent. Après, il retournait le prisonnier sur le dos, posait le bâton sur sa gorge et montait sur le bâton jusqu'à ce qu'il suffoque. Mes chances de survie étaient très minces. Grâce au bon conseil d'un autre détenu, j'ai pu y survivre six semaines. À Auschwitz, on dormait dans des lits superposés de trois étages. Sous moi, il y avait un Juif français, matricule 42 000, qui s'appelait Fisch. J'étais au milieu. Au-dessus de moi, il y avait un Polonais, qui n'était pas juif, c'était un politique. Son matricule était le 805, il s'appelait Leon Kolowski. Il était contremaître de l'atelier de menuiserie. Il y avait là deux sections, l'atelier de réparation et celui de menuiserie. Un dimanche soir, il m'a dit : « Que se passe-t-il avec toi? Tu es en train de disparaître. » J'ai répondu : « À quoi tu t'attends, je travaille à Holtzplatz. » Il a fait « À Holtzplatz? Depuis combien de temps?  – Six semaines. – Tu as survécu six semaines? » Il est tout de suite allé voir son supérieur, un kapo qui s'appelait Janek Gradek, et il lui a dit : « Janek, peux-tu le prendre dans ton halle? » C'était une partie du bâtiment où travaillaient les menuisiers. Le kapo a dit : « Je ne peux pas le prendre sans la permission de son kapo. » J'ai répondu : « Mon kapo s'en fout, il dit que je suis un muselmann. » On appelait ainsi ceux qui étaient prêts à aller dans les fours. « Oh, dans ce cas, demain matin, lundi, tu viens me voir. » Alors, le lendemain matin, plutôt que de rejoindre mon ancien groupe, je me suis rendu à l'atelier de menuiserie. 

[03:16-03:24]

De la musique joue jusqu'à la fin de la vidéo. Trois pages de crédits apparaissent dans un texte blanc sur fond noir : Entrevue réalisée par David Magder, Archives of the Holocaust Project, Toronto, 1990, Sarah and Chaim Neuberger Holocaust Education Centre

Réalisation: Helgi Piccinin; Montage et colorisation: Michaël Gravel, Helgi Piccinin; Mix audio et musique originale: Pierre-Luc Lecours. [Logo pour Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique]

Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal, © 2017.

--

Fin de la transcription.