Ottawa

Portrait photographique en noir et blanc d'un homme, la photo est prise des épaules en montant. Il porte un veston et une cravate.
Portrait d'Abraham Albert Heaps, date inconnue. (Jewish Historical Society of Western Canada)

Au début du 20e siècle, la communauté juive d'Ottawa comptait environ 400 personnes, dont près de la moitié vivaient dans le secteur du marché By, dans la Basse-Ville. Au cours des 20 années qui ont suivi, sa population a connu une forte croissance. En 1921, le Service d'assistance aux immigrants juifs (JIAS) a ouvert un bureau à Ottawa pour aider les nouveaux arrivants à s'installer.

Avec la montée du fascisme des années 1930, les Juifs européens ont commencé à chercher désespérément des endroits où se réfugier. En 1931, le gouvernement canadien a adopté une ordonnance dans le cadre de la Loi sur l'immigration, le décret en Conseil PC 695, qui restreignait l'immigration canadienne à tous, sauf aux citoyens américains et aux sujets britanniques. Même si les Juifs ne formaient que 1,5 % de la population, il existait un fort sentiment antisémite au Canada. Le pays avait été durement touché par la Grande Dépression et les Juifs constituaient une cible facile. Ils servaient souvent de boucs émissaires et étaient accusés de contrôler les finances et de dominer le marché de l'emploi, qui était alors bien fragile.

Les trois membres juifs du Parlement fédéral – Abraham Heaps, Sam Factor et Samuel Jacobs – travaillaient de concert avec le Congrès juif canadien pour négocier la question des réfugiés à la Chambre des communes. Malheureusement, leurs efforts ont seulement permis qu'on entrouvre la porte pour sauver un petit nombre de personnes. En 1938, Heaps a écrit une lettre désespérée au Premier ministre Mackenzie King : « La réglementation en vigueur est sans doute la plus stricte qui existe dans le monde… de plus en plus de gens partagent le sentiment que des influences antisémites sont responsables du refus du gouvernement d'admettre des réfugiés au Canada. » Il n'a pas reçu de réponse.