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La vidéo débute avec un intertitre rédigé en blanc sur fond noir pendant que joue de la musique instrumentale qui continue en fondu jusqu'au plan suivant : Aba Beer et son épouse sont arrivés au Canada en 1953 par le port de Québec.
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Transition au survivant de l'Holocauste Aba Beer, assis devant un fond gris, et regardant à la droite de la caméra. Son visage et ses épaules sont visibles à la caméra alors qu'il parle pendant une interview réalisée à Montréal en 1981.
>> Aba Beer: On est débarqués à Québec en pleine nuit, et le matin, on est sortis pour s'enregistrer. Je déteste faire ça.
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Le nom Aba Beer et le lieu où l'entrevue a été filmée, Montréal, apparaissent dans un texte en blanc au-dessus de l'épaule droite d'Aba.
>> Mais on l'a fait, et ils nous ont distribué toutes sortes de documents. C'étaient des douaniers canadiens. Ils tamponnaient nos passeports, nous enregistraient. Il y avait des bagages, des valises, des gens d'Italie, d'Allemagne, de Hollande qui étaient arrivés sur ce bateau. Beaucoup d'immigrants venaient vivre au Canada à cette époque. Et on était un peu perdus, je ne connaissais que quelques mots d'anglais. J'étais stressé d'avoir à m'enregistrer. J'avais environ 100 dollars de cachés dans ma poche et je ne savais pas si je devais les déclarer. J'étais un réfugié, j'étais encore là-bas! Même si on était en 1953, je ne faisais toujours pas confiance aux autorités. Mais parmi tous ces gens, il y avait quelques personnes, comme ce pasteur, vous savez, avec un col blanc, comment on appelle ça, un collet? Il y avait ce pasteur, une femme de l'Armée du Salut et une femme juive du JIAS. Et ce prêtre – j'ai appris plus tard qu'il était protestant – est venu vers moi. Il a vu que j'étais un peu perdu, que j'allais d'un côté et de l'autre pendant que ma femme surveillait nos valises. Je me demandais si je devais me mettre au bout de cette file ou au bout de cette autre file. Il est venu vers moi et m'a dit : « Est-ce que je peux vous aider? Avez-vous besoin d'aide? Quelle langue parlez-vous? Allemand? » J'ai dit non. Il m'a demandé si j'avais besoin d'aide pour remplir les documents. J'ai refusé, parce que j'étais un peu nerveux, c'étaient mes premiers pas en sol canadien. Et je ne me sentais pas tout à fait casher, avec les 100 dollars dans ma poche. Et j'avais dit que j'avais un cousin ici, mais ce n'était pas vraiment un cousin. Je lui ai dit : « Pourquoi voudriez-vous m'aider? Vous êtes chrétien… » Non, ce n'est pas ça, j'ai dit : « Pourquoi voudriez-vous m'aider, je suis juif, pourquoi voulez-vous m'aider? » Il m'a répondu en allemand : « Ça ne change rien, on est des bénévoles, on vient aider les nouveaux immigrants. Que vous soyez juif ou anglais, qu'est-ce que ça change? » Il me pointe quelqu'un : « Cette femme, là-bas, est juive, elle travaille pour un organisme juif. » Il a dit le mot JIAS, mais je ne l'ai pas enregistré sur le coup. « Elle aide quelqu'un qui n'est sans doute pas juif. Ça n'a aucune importance. » Pour moi, ça avait toute une importance. Ça a été tout un choc. Ça n'avait pas d'importance qu'on soit juif ou pas. Ça m'est rentré dedans. Et j'ai dit à ma femme : « Tu sais quoi? Je veux passer le reste de mes jours dans ce pays. »
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De la musique joue jusqu'à la fin de la vidéo. Trois pages de crédits apparaissent dans un texte blanc sur fond noir : Entrevue réalisée par Josh Freed, Holocaust Documentation Project, Montréal, 1981, Archives juives canadiennes Alex Dworkin
Réalisation: Helgi Piccinin; Montage et colorisation: Michaël Gravel, Helgi Piccinin; Mix audio et musique originale: Pierre-Luc Lecours. [Logo pour Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique]
Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal, © 2017.
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Fin de la transcription.