En 1940, le Canada acquiesce à une demande de la Grande-Bretagne de participer à l'effort de guerre en acceptant des « sujets d'un pays ennemi » et des prisonniers de guerre. Des hommes sont déportés de l'Angleterre vers le Canada et détenus dans des camps d'internement au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario. Le 12 août 1940, 717 réfugiés partent en train du Camp T, à Trois-Rivières, au Québec, pour se rendre au Camp B, à Ripples, au Nouveau-Brunswick. Alors qu'il s'attendait à recevoir de dangereux fascistes, le colonel A.T. MacLean a plutôt vu arriver un groupe composé de Juifs religieux et de 425 jeunes hommes âgés de 16 à 20 ans.
D'octobre 1940 jusqu'en juin 1941, tous les détenus du Camp B étaient juifs. Les gardiens ont fait des concessions pour tenir compte des pratiques religieuses des prisonniers. Pour les gens qui mangeaient casher, des installations de cuisine étaient prévues dans le réfectoire qui servait aussi de synagogue les samedis.
Au début, le travail était obligatoire. Les détenus travaillaient dans la forêt où ils abattaient des arbres pour la station expérimentale forestière Acadia. L'éducation formelle, perçue comme une façon de défier l'autorité, était interdite. « Pour pouvoir étudier, raconte un réfugié, on disparaissait… tout de suite après l'appel nominal… aux toilettes. Ils ne regardaient pas dans les toilettes. » On a fini par permettre l'instruction dans le camp. Soixante étudiants rabbiniques ont poursuivi leurs études religieuses, d'anciens étudiants universitaires ont préparé des adolescents pour l'inscription à l'école secondaire et des spécialistes de renommée mondiale ont donné des conférences dans le camp.