Pendant les mois de juin et de juillet 1940, trois navires ont servi à déporter des hommes allemands et autrichiens de Grande-Bretagne au Canada. Il y avait parmi eux 2284 réfugiés, dont la majorité était des Juifs qui, après avoir fui les persécutions nazies en Grande-Bretagne, ont été arrêtés parce qu'on les soupçonnait d'être des espions. Le gouvernement britannique a averti le gouvernement canadien que la plupart des civils à bord de ces navires étaient des réfugiés, mais les militaires canadiens n'étaient pas préparés à leur arrivée.
Quand les réfugiés sont débarqués à Québec, le 15 juillet 1940, ils s'attendaient à être séparés des prisonniers de guerre et libérés. Ils ont plutôt été emmenés au Camp d'internement T, situé dans d'anciens bâtiments d'exposition à Trois-Rivières, au Québec. Ils ont été détenus avec des prisonniers de guerre et des fascistes qui leur chantaient : «Lorsque le sang des Juifs jaillit sous le couteau, ça va deux fois mieux. » Peu de temps après, ces groupes ont été séparés dans le camp par un fil barbelé et sont restés sous stricte supervision militaire.
Le colonel Watson, qu'on avait envoyé d'Ottawa pour évaluer la situation, a présenté un rapport sur les conditions de vie dans le Camp T. Il y avait environ 800 hommes entassés dans un stade recouvert de sciure de bois et qui dormaient sur des lits de camp avec très peu de literie. Il y avait deux toilettes avec des latrines creusées dans le sol. Le colonel a néanmoins conclu que : « Ce type de Juifs semblent être des gens malpropres. Il est difficile de les discipliner et de traiter avec eux. » Les réfugiés clamaient leur innocence et protestaient contre l'injustice que constituait leur incarcération et la façon dont on les traitait. La communauté juive locale et le Conseil montréalais des rabbins orthodoxes ont offert leur aide aux détenus. La tension est restée présente dans le Camp T pendant un mois, jusqu'à ce que les réfugiés soient transférés au Camp B, à Ripples, au Nouveau-Brunswick.