Ottawa

Photo en noir et blanc d'un groupe de six hommes, trois se tenant debout et trois étant asss à une table. Les trois hommes debout regardent les trois qui sont assis pendant qu'ils cousent à une table avec du fil et une aiguille.
Canadian Garment Commission, dirigée par Max Enkin (le troisième à partir de la droite), examine les compétences en couture de trois hommes dans des camps de personnes déplacées, 1947. (Ontario Jewish Archives, Fonds 70)

Malgré toutes les preuves de l'ampleur de l'Holocauste, l'opinion publique canadienne est demeurée hostile envers les Juifs qui arrivaient des camps de personnes déplacées en Europe. Les portes n'ont commencé à s'ouvrir que lorsqu'une grave pénurie de main-d'œuvre a forcé le gouvernement de Mackenzie King à mettre en place des programmes d'emploi, même si ces programmes restaient sélectifs et étaient conçus de façon à restreindre le plus possible l'immigration juive. Il n'y a qu'un petit nombre de survivants de l'Holocauste qui a réussi à entrer au Canada en tant que domestiques, agriculteurs, mineurs et bûcherons ou encore après avoir été parrainés par des membres de leur famille. Il y a eu toutefois l'exception du Projet des orphelins de guerre du Congrès juif canadien (CJC) qui a permis à 1123 jeunes juifs de s'installer dans différentes régions du Canada.

Pour régler le problème de pénurie de main-d'œuvre, le gouvernement a accordé un accès libre au pays aux réfugiés qualifiés des camps de personnes déplacées. Le CJC s'est associé avec les fabricants et les syndicats de l'industrie du textile, dominée par les Juifs, pour affirmer qu'il y avait un urgent besoin de tailleurs et de fourreurs. Le gouvernement a donné son approbation, et un groupe de fonctionnaires, dirigé par Max Enkin, s'est rendu dans différents camps de personnes déplacées en Europe pour y recruter des travailleurs. Préoccupé par l'opinion publique, le gouvernement a imposé un quota maximum de 60 % de Juifs dans le cadre des programmes pour les tailleurs et les fourreurs. Trente pour cent des réfugiés européens étaient juifs, et pourtant, dans les premières années d'après-guerre, il n'y a que 15 % des réfugiés qui arrivaient au Canada qui s'identifiaient en tant que juifs.

Vers la fin des années 1940 et dans les années 1950, le nouvel État d'Israël a accueilli la majorité des personnes déplacées d'origine juive d'Europe. Les politiques d'immigration du Canada ont changé quand le flux d'immigrants est devenu si grand qu'il n'était plus possible de détecter tous les Juifs. Sous le règne du premier ministre Louis St-Laurent, les lois discriminatoires contre les Juifs et d'autres Européens de l'Est ont été abolies et, en 1950, le ministère de l'Immigration et de la Citoyenneté était créé.