En 1951, il y avait 205 000 Juifs au Canada. Environ la moitié d'entre eux habitaient à Toronto ou dans de plus petites communautés ontariennes situées à London, North Bay, Fort William, Saint Catharines, Oshawa, Windsor, Cornwall, Kitchener, Sarnia et Hamilton. Près de la moitié des immigrants juifs qui sont arrivés au Canada de 1945 à 1952, presque tous des survivants de l'Holocauste, se sont installés en Ontario. Même avec ces nouveaux arrivants, peu de collectivités comptaient plus de 1000 familles juives. Les Juifs qui habitaient dans des villages reculés ou sur des fermes se rendaient une fois par semaine dans de plus grandes villes pour aller à la synagogue, acheter des aliments cashers et utiliser divers services.
Environ 50 familles de survivants se sont installées et intégrées dans la ville agricole de Tillsonburg, qui se trouve au sud-ouest de London, au cours de la décennie qui a suivi la guerre. La communauté juive de London, comme les autres communautés ontariennes, a longtemps dû lutter pour conserver ses traditions juives, alors qu'elle se trouvait coupée de ses origines. Les membres de ces communautés ont créé entre eux des liens étroits, et certains survivants qui se sont installés dans ces régions ont eu de la difficulté à faire leur place. Dans son rapport de 1952 sur l'intégration des survivants, le président de la branche ontarienne des Agences de soutien juives unifiées du Canada, Arthur Gelber, a souligné que : « les petites communautés perdent du terrain par manque de nouveaux arrivants. Les communautés du Nord de l'Ontario et d'autres coins reculés de la province voient leur population stagner ou décliner. » M. Gelber voulait convaincre les communautés d'accueil de faire preuve d'empathie : « Parmi ces 33 500 réfugiés, chaque personne est plus qu'une statistique. C'est un être humain qui lutte et qui est issu d'une communauté brisée; il arrive dans un environnement inconnu et difficile. »